Ca n’a pas traîné, j’ai reçu le rapport du test d’étanchéité par Leroy qui me l’a fait suivre aujourd’hui.
Il vient confirmer la valeur de 0,19 pour le Q4 ce qui nous place je le rappelle dans la fourchette d’une maison de type passive.
Le rapport ajoute une info qui permet de bien visualiser ce que représente cette valeur fort abstraite. Je vais reprendre les termes du rapport, ça sera plus clair:
« Toutes les fuites de l’enveloppe rassemblées au même endroit représenteraient un trou à bords vifs d’une surface équivalente de 107 cm2 sous une différence de pression de 4 Pa, soit un trou de 11 cm de diamètre. »
Ce chiffre est toutefois en contradiction avec ce qui est indiqué dans ma bible, j’ai nommé le « Guide Maison Basse Consommation » édité par le CNDB. Il est indiqué page 163 de cet ouvrage qu’un Q4 de 0,6 correspond à une surface de 120cm2 alors que pour une maison passive c’est plus proche de 56cm2.
Pour ceux intéressés par les chiffres, le rapport est disponible ici.
Qu’il est énigmatique le titre de cet article, vous ne trouvez pas ? Je gage que si vous allez jusqu’au bout de la lecture, ce sera plus clair.
Beaucoup ont pu constater une longue indisponibilité du blog entre hier soir et le milieu d’après-midi, comme un fait exprès pour m’empêcher de vous narrer le déroulement du test d’étanchéité qui a bien eu lieu hier.
J’ai donc rencontré le « testeur » sur les lieux alors qu’il était en train de déballer ses étranges instruments. A commencer par la porte.
Bon d’accord, même les plus jeunes d’entre vous auront remarqué que ça n’a rien d’une porte et que ça ressemble plus à un gilet de sauvetage, mais attendez quand même un peu.
Si on ajoute un cadre venant se fixer dans l’embrasure de la porte de la buanderie (et oui la nouvelle porte d’entrée a été posée le matin même, juste à temps pour le test) on devrait arriver à quelque chose.
La porte d’entrée sur laquelle il manque encore le vitrage.
Ensuite il suffit d’habiller le cadre avec le gilet de sauvetage et d’y greffer un gros ventilateur comme celui-ci.
Un brin d’appareillage électronique ésotérique vient parfaire l’aspect hi-tech que ce genre d’équipement se doit d’arborer sous peine de se décrédibiliser.
En on obtient ce résultat déjà plus proche de ce que l’on peut voir dans les magazines ou sur le web.
Avant de commencer on s’assure d’avoir bien scotché tous les conduits traversant la dalle (allez Monsieur Duport, je crois qu’il en reste encore un ou deux, cherchez bien).
Et Monsieur Leroy jamais à cours d’imagination nous confectionne en un tour de main un caisson en OSB (mais il fait donc tout en OSB cet homme là ?) pour rendre étanches toutes les arrivées EDF et PTT.
On demande au public de bien vouloir prendre place. On était bien 14 sur les lieux, c’est vrai qu’on ne voit pas ça tous les jours donc la curiosité était aiguisée chez tout le monde.
Le test va se dérouler en deux parties. Lors de la première nous mettrons en évidence les entrées d’air parasite en mettant la maison en dépression et en soufflant de la fumée depuis l’extérieur autour des zones critiques (menuiseries essentiellement puisque tout le reste a été scotché).
Lors de la deuxième partie la maison est également mise en dépression et le but sera de calculer sa perméabilité à l’air que l’on appellera aussi le Q4. Pour ceux intéressés par les détails techniques voici des explications glanées sur internet:
« On fait plusieurs mesures de débit d’air en notant les valeurs nécessaires pour maintenir constantes une série de différences de pression. Ce débit d’air correspond exactement au volume d’air qui s’échappe alors par les trous dans l’enveloppe du bâtiment. On en déduit alors le Q4 (ou débit de fuite à 4 pascals) en tenant compte de la surface des parois froides (les murs donc) à l’exception du plancher bas. »
Allez trêve de parlotte passons au vif du sujet en attaquant par une vidéo de la recherche des entrées d’air parasites. Si vous cliquez sur la vidéo pendant qu’elle joue, vous pourrez la voir en HD 720p et en plein écran sur YouTube (pas au boulot malheureusement !!!).
Passé cette première partie j’étais un peu inquiet il faut le dire. Il y avait en définitive des fuites plus ou moins importantes sur toutes les menuiseries, elles se décomposaient ainsi:
au niveau des paumelles: ce sont les charnières qui articulent l’ouvrant, particularité de celles qui présentaient des fuites, c’était à chaque fois celles de l’ouvrant oscillo-battant. En effet, après inspection il s’avère que de part sa conception même, il ne peut pas y avoir de joint à cet endroit.
au niveau des parcloses: ce sont les baguettes qui fixent le vitrage dans son logement. Ces entrées étaient minimes mais tout de même présentes, la question était: sont-elles significatives pour autant ?
au niveau des deux articulations en partie supérieur de chaque coulissant: on est sensé être joint contre joint sur tout le pourtour de l’ouvrant sauf au niveau de ces articulations où le joint présente une discontinuité … fatale. En mettant la main dessus on sentait clairement l’air s’engouffrer dans la pièce. Là, grosse inquiétude par contre !
La porte d’entrée a passé le test haut la main, le pourtour de toutes les menuiseries était également OK, nous n’avons pas testé tout le reste de l’enveloppe et en particulier le plafond.
Le juge de paix sera donc le deuxième test qui va quantifier le niveau de perméabilité de l’enveloppe dans sa globalité.
Alors c’est parti pour ce test qui se passe autour du portable (sous Vista, il existe pas sous Mac OS X ce soft ?), à guetter le souffle court, la courbe (qui est en fait une droite) se dessiner à l’écran. C’est donc parti pour une deuxième vidéo.
A ce stade un fichier de données de pressions mesurées au cours du test est sauvegardé puis injecté dans une feuille de calcul, sur laquelle on reporte donc la surface des parois froides. Quelques clics de souris plus tard, le verdict tombe, en forme de très bonne nouvelle, la valeur du Q4 est de 0,19. S’en suit un concert de louanges, de « j’étais confiant » (ça c’est Monsieur Leroy qui sait comment il a travaillé), à « je ne m’attendais pas à une valeur si basse » (ça c’est moi très agréablement surpris).
Pour replacer ce résultat en perspective sachez que:
les maisons conformes à la RT 2005 sont en moyenne mesurées avec un Q4 supérieur à 2, ce qui correspond à un trou dans l’enveloppe supérieur à la surface d’une feuille A4 (soit 690cm2 et ce après avoir obturé les aérations dans les fenêtres lorsque la VMC est simple flux).
une maison labellisée BBC se doit d’avoir un Q4 inférieur à 0,6. C’était mon objectif, aussi ciblais-je 0,4 pour ce test intermédiaire sachant que les travaux futurs provoqueraient immanquablement une légère augmentation de cette valeur. Cette valeur de 0,6 représente un trou de 17×17 cm soit 282 cm2.
une maison passive selon le label Allemand doit avoir un Q4 compris entre 0,1 et 0,2, soit un trou de 7,5×7,5cm (soit 56cm2, à peu près la surface d’une carte de visite).
Vous l’avez compris, ce résultat de 0,19 nous place donc dans la fourchette d’une maison passive. N’en tirons pas des conclusions hâtives, la maison n’en sera pas passive pour autant car l’isolation de l’enveloppe n’atteint pas le niveau exigé pour obtenir le label « passif », mais il s’en rapprochera j’espère de près.
C’est donc un jalon important qui vient d’être atteint avec la certitude que l’étanchéité a été réalisée avec le plus grand sérieux, ça nous fait déjà un souci de moins. Le prochain jalon d’une importance similaire sera pour moi l’efficacité de l’isolation et son corollaire l’adéquation de la puissance du poêle à bois. Pour ça rendez-vous dans plusieurs mois encore hélas …
Je crois que je viens de battre le record de l’article le plus long de ce blog, aussi vais-je raccrocher car il est déjà plus de 23h. L’état d’avancement du chantier bardage fera donc l’objet d’un article demain.
Une semaine éloigné du chantier c’est long et c’est bref mais en tout cas ce fut l’occasion d’une coupure presque complète avec ce projet au long court. Quasi-complète car j’avais tout de même demandé à mon père de faire quelques apparitions sur le chantier afin de suivre ce qui se faisait et de prendre des photos de la progression, photos que j’ai pu consulter depuis une connexion internet louée au syndicat d’initiative d’Orpierre.
Cette semaine très active pour l’entreprise Leroy a commencé par la pose de l’OSB sous les fermettes. Je rappelle que cet OSB constitue le pare-vapeur supérieur de l’enveloppe étanche et qu’à ce titre sa pose doit être très soignée et évidemment étanche à l’air.
Vu la longueur du bâtiment, il a été nécessaire de créer deux joints de dilatation comme celui qu’est en train de réaliser cet ouvrier.
Au niveau de la jonction avec l’OSB des murs, des tasseaux sont fixés et jointoyés pour rattraper le vide important.
Au final ce plafond qui sera évidemment masqué par un plafond suspendu en BA13, constitue un sérieux patchwork car il a fallu se fixer sur le fermettes dont la disposition est assez complexe. La clé du puzzle est constituée par ce carré de 10×10 (pourvu qu’elle ne tombe pas car tout tombe avec ). Le scotch fait l’étanchéité à l’air là ou le joint n’a pas pu être ajouté.
Quelques vues d’ensemble de ce plafond.
La trappe d’accès aux combles, située dans le garage pour ne pas provoquer de problèmes s’étanchéité, a été créée. On peut voir qu’un caisson a été confectionné tout autour afin de retenir la ouate de cellulose qui sera bientôt soufflée par dessus l’OSB.
Enfin conformément à ma demande, le mur de refend entre la buanderie et le garage a été prolongé vers le haut jusqu’à l’OSB du plafond car la zone chaude et étanche s’arrête ici.
On continue dans les articles suivants avec l’isolation des murs…
Ayant réussi à passer globalement entre les gouttes, notre équipe de charpentiers de choc de chez Leroy s’est attelée aujourd’hui à la pose de plusieurs murs en bois.
Avant de commencer il a fallu reprendre un des murs qui comportait deux erreurs: une réservation pour volet roulant absente (ça c’est ma faute je l’ai fait rajouter vendredi dernier alors que le mur était déjà fini) et une hauteur de fenêtre de cuisine incorrecte (je tairais le nom des fautifs, ce n’est pas un blog à charge). Ce n’était finalement pas une mince affaire et cela a pris plus d’une heure alors que toutes les pièces de bois nécessaires à la modification étaient déjà prédécoupées.
Pendant que certains poursuivent la modification du mur, un des murs du salon, celui qui porte les deux baies vitrées de 2,4m est déchargé et appuyé sur le mur de refend qui est désormais largement assez sec pour ça.
La modification dure, dure et c’est déjà l’heure du casse croute, la pose du premier mur attendra donc le début d’après-midi.
Je repasse en coup de vent deux heures plus tard et là j’ai la confirmation qu’il ne faut jamais trop s’éloigner d’un chantier de MOB car le temps de cligner des yeux et 3 murs sont posés …
Les deux baies imposantes trônent fièrement devant ce qui sera la future terrasse en bois.
Une vue de l’arrière du mur sud-est (celui qui porte la fenêtre modifiée). Et oui c’est normal que l’on voie si bien l’ossature de ce côté car je rappelle que le contreventement des murs est intérieur (OSB de 12mm) et l’isolation extérieure (avec pare pluie intégré).
Pour ceux intéressés par les détails, on voit ici un des charpentier déposant le double joint colle entre la lisse basse et le bas du mur. Il utilise un pistolet électrique qui assure un débit régulier et le fatigue pas les mains.
Un gros plan de ce joint entre les deux parties bois…
… et de la fixation du mur sur la lisse.
Allez comme je sais que cela plait bien, un petit film où l’on voit le trajet d’un des murs du garage, de son berceau à son emplacement final (pas de bande son délirante cette fois mais une vraie ambiance de chantier).
Et un petit panoramique pris depuis ce qui sera le salon.
Souhaitons que la météo soit clémente demain car trop d’eau mouille la lisse basse et nuit à la bonne prise du joint colle donc ça nous ferait perdre beaucoup de temps, et du temps on en a plus en rab ! Si le temps est correct le restant des murs devraient être posés et pour lundi ce sera la charpente.
Et oui, Cécile passant devant le chantier est tombée nez à nez avec le camion venant livrer les murs.
Aussitôt, l’engin de levage se saisit des murs pour les décharger puis, commence le ballet !
Une heure plus tard …
Pour ceux qui n’ont pas compris, le camion a livré les murs d’un côté de la rue puis il est parti. Réflexion faite, les charpentiers décident de mettre les murs de l’autre côté de la rue, c’était sans compter sur le fil téléphonique aérien qui va leur jouer un sale tour. Enfin l’essentiel est là, les murs sont livrés.
Il est temps de passer à la pose de la lisse basse. Voici tout d’abord le double joint aux stéroïdes qui assurera l’étanchéité entre la longrine et la lisse basse.
Les lisses sont dûment repérées.
Elles sont fixés à l’aide de ces vis spéciales…
… qui nécessitent un pré-perçage de la longrine avant d’être vissées.
Le résultat une fois fixé (Il n’y a pas de lisse au niveau des seuils).
C’est une préoccupation largement ignorée en construction classique mais qui est essentielle lorsque l’on construit une MOB. Une maison bien étanche à l’air présente les avantages suivants:
Efficacité énergétique supérieure (on ne fait pas rentrer l’air froid ou l’air chaud en été). Un bâtiment où l’étanchéité à l’air aura été mal prise en compte pourra consommer 12kWh/m2.an en plus (alors qu’on évalue à 20 kWh/m2.an les besoins en chauffage pour une maison BBC, soit 40% de conso en plus !).
Meilleur confort thermique (l’air froid sur les pieds) et acoustique (les aération dans les fenêtres)
Hygiène et santé par une meilleure qualité de l’air intérieur (si la ventilation est adaptée évidemment, la VMC double flux équipée de filtres changés régulièrement filtre les pollens)
Conservation du bâtiment (plus sain il durera plus longtemps, c’est essentiel pour le bois)
Maîtrise et répartition des débits de ventilation (la quasi totalité de l’air doit passer par la VMC double flux, il est ainsi filtré et réchauffé en hiver)
Ca fait beaucoup d’avantages tout ça mais comment y parvient-on ? L’étanchéité doit être une préoccupation de chaque instant dès que l’on commence à monter les murs sur la dalle. Chaque entrée d’air possible doit être calfeutrée, soit avec un scotch soit avec un mastic. Le pare vapeur ou frein vapeur remplit ce rôle d’écran à toute entrée d’air. Il est situé à l’intérieur de la maison et ne doit jamais être percé. Dans le cas où il doit être traversé par une gaine électrique ou autre, l’étanchéité autour de la gaine et dans la gaine doivent être assurées. Cet écran doit être continu du sol au mur et jusqu’au plafond afin de réaliser une enveloppe qui sera le moins possible traversée.
Dans cette enveloppe délimitant un volume étanche et chauffé on fait en sorte d’héberger tous les réseaux:
eau
électricité (qui n’a jamais senti de l’air froid rentrer par un interrupteur ?)
ventilation (pour que les réseaux de gaines ne soient pas exposés au froid des combles, on évite ainsi d’utiliser des gaines isolées, bien plus chères)
Afin de loger tout ces réseaux dans le faux plafond (entre les plaques d’OSB vissées sous les fermettes qui servent de pare vapeur, et les plaques de BA13 fixées à des suspentes), nous avons rehaussé les murs de 30 cm pour ménager un vide technique de 30 cm qui devrait être suffisant. On conserve ainsi une hauteur sous plafond classique de 2,50 m.
Comment être certain que l’étanchéité a été bien réalisée ? Il faut faire un test d’infiltrométrie avec une Blower Door ou porte soufflante.
Une Blower Door en action (test intermédiaire)
On démonte la porte d’entrée et on met une Blower Door à la place avec laquelle on va mettre le bâtiment en dépression. A l’aide d’une poire à fumée, on peut mettre en évidence les fuites et les boucher immédiatement s’il s’agit d’un test intérmédiaire. Lors du test final, on ne peut généralement que constater et rarement réparer.
Nous avons réussi à négocier un test intermédiaire inclus dans la prestation de l’entreprise qui nous fait les lots gros oeuvre, ossature, charpente, couverture, menuiseries extérieures et isolation. Charge à nous de bien superviser les artisans qui feront le second oeuvre pour qu’il ne détériorent pas l’enveloppe étanche. Nous ne ferons probablement pas de test final qui permet de certifier le niveau d’étanchéité mais ce n’est pas encore totalement arrêté.
Voilà c’est tout pour l’étanchéité, je vous donne rendez-vous pour discuter BBC, HQE et bâtiment bio-climatique dans un prochain article.