Qu’il est énigmatique le titre de cet article, vous ne trouvez pas ? Je gage que si vous allez jusqu’au bout de la lecture, ce sera plus clair.
Beaucoup ont pu constater une longue indisponibilité du blog entre hier soir et le milieu d’après-midi, comme un fait exprès pour m’empêcher de vous narrer le déroulement du test d’étanchéité qui a bien eu lieu hier.
J’ai donc rencontré le « testeur » sur les lieux alors qu’il était en train de déballer ses étranges instruments. A commencer par la porte.
porte_plate
Bon d’accord, même les plus jeunes d’entre vous auront remarqué que ça n’a rien d’une porte et que ça ressemble plus à un gilet de sauvetage, mais attendez quand même un peu.
Si on ajoute un cadre venant se fixer dans l’embrasure de la porte de la buanderie (et oui la nouvelle porte d’entrée a été posée le matin même, juste à temps pour le test) on devrait arriver à quelque chose.
reglage_cadre
La porte d’entrée sur laquelle il manque encore le vitrage.
porte_entree
Ensuite il suffit d’habiller le cadre avec le gilet de sauvetage et d’y greffer un gros ventilateur comme celui-ci.
ventilo

Un brin d’appareillage électronique ésotérique vient parfaire l’aspect hi-tech que ce genre d’équipement se doit d’arborer sous peine de se décrédibiliser.

electronique

En on obtient ce résultat déjà plus proche de ce que l’on peut voir dans les magazines ou sur le web.
porte_prete

Avant de commencer on s’assure d’avoir bien scotché tous les conduits traversant la dalle (allez Monsieur Duport, je crois qu’il en reste encore un ou deux, cherchez bien).

scotchage_tuyaux
Et Monsieur Leroy jamais à cours d’imagination nous confectionne en un tour de main un caisson en OSB (mais il fait donc tout en OSB cet homme là ?) pour rendre étanches toutes les arrivées EDF et PTT.
caisson
On demande au public de bien vouloir prendre place. On était bien 14 sur les lieux, c’est vrai qu’on ne voit pas ça tous les jours donc la curiosité était aiguisée chez tout le monde.
foule
Le test va se dérouler en deux parties. Lors de la première nous mettrons en évidence les entrées d’air parasite en mettant la maison en dépression et en soufflant de la fumée depuis l’extérieur autour des zones critiques (menuiseries essentiellement puisque tout le reste a été scotché).
Lors de la deuxième partie la maison est également mise en dépression et le but sera de calculer sa perméabilité à l’air que l’on appellera aussi le Q4. Pour ceux intéressés par les détails techniques voici des explications glanées sur internet:
« On fait plusieurs mesures de débit d’air en notant les valeurs nécessaires pour maintenir constantes une série de différences de pression. Ce débit d’air correspond exactement au volume d’air qui s’échappe alors par les trous dans l’enveloppe du bâtiment. On en déduit alors le Q4 (ou débit de fuite à 4 pascals) en tenant compte de la surface des parois froides (les murs donc) à l’exception du plancher bas. »
Allez trêve de parlotte passons au vif du sujet en attaquant par une vidéo de la recherche des entrées d’air parasites. Si vous cliquez sur la vidéo pendant qu’elle joue, vous pourrez la voir en HD 720p et en plein écran sur YouTube (pas au boulot malheureusement !!!).

This video was embedded using the YouTuber plugin by Roy Tanck. Adobe Flash Player is required to view the video.

Passé cette première partie j’étais un peu inquiet il faut le dire. Il y avait en définitive des fuites plus ou moins importantes sur toutes les menuiseries, elles se décomposaient ainsi:

  • au niveau des paumelles: ce sont les charnières qui articulent l’ouvrant, particularité de celles qui présentaient des fuites, c’était à chaque fois celles de l’ouvrant oscillo-battant. En effet, après inspection il s’avère que de part sa conception même, il ne peut pas y avoir de joint à cet endroit.
  • au niveau des parcloses: ce sont les baguettes qui fixent le vitrage dans son logement. Ces entrées étaient minimes mais tout de même présentes, la question était: sont-elles significatives pour autant ?
  • au niveau des deux articulations en partie supérieur de chaque coulissant: on est sensé être joint contre joint sur tout le pourtour de l’ouvrant sauf au niveau de ces articulations où le joint présente une discontinuité … fatale. En mettant la main dessus on sentait clairement l’air s’engouffrer dans la pièce. Là, grosse inquiétude par contre !

La porte d’entrée a passé le test haut la main, le pourtour de toutes les menuiseries était également OK, nous n’avons pas testé tout le reste de l’enveloppe et en particulier le plafond.

Le juge de paix sera donc le deuxième test qui va quantifier le niveau de perméabilité de l’enveloppe dans sa globalité.

Alors c’est parti pour ce test qui se passe autour du portable (sous Vista, il existe pas sous Mac OS X ce soft ?), à guetter le souffle court, la courbe (qui est en fait une droite) se dessiner à l’écran. C’est donc parti pour une deuxième vidéo.

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A ce stade un fichier de données de pressions mesurées au cours du test est sauvegardé puis injecté dans une feuille de calcul, sur laquelle on reporte donc la surface des parois froides. Quelques clics de souris plus tard, le verdict tombe, en forme de très bonne nouvelle, la valeur du Q4 est de 0,19. S’en suit un concert de louanges, de « j’étais confiant » (ça c’est Monsieur Leroy qui sait comment il a travaillé), à « je ne m’attendais pas à une valeur si basse » (ça c’est moi très agréablement surpris).

Pour replacer ce résultat en perspective sachez que:

  • les maisons conformes à la RT 2005 sont en moyenne mesurées avec un Q4 supérieur à 2, ce qui correspond à un trou dans l’enveloppe supérieur à la surface d’une feuille A4 (soit 690cm2 et ce après avoir obturé les aérations dans les fenêtres lorsque la VMC est simple flux).
  • une maison labellisée BBC se doit d’avoir un Q4 inférieur à 0,6. C’était mon objectif, aussi ciblais-je 0,4 pour ce test intermédiaire sachant que les travaux futurs provoqueraient immanquablement une légère augmentation de cette valeur. Cette valeur de 0,6 représente un trou de 17×17 cm soit 282 cm2.
  • une maison passive selon le label Allemand doit avoir un Q4 compris entre 0,1 et 0,2, soit un trou de 7,5×7,5cm (soit 56cm2, à peu près la surface d’une carte de visite).

Vous l’avez compris, ce résultat de 0,19 nous place donc dans la fourchette d’une maison passive. N’en tirons pas des conclusions hâtives, la maison n’en sera pas passive pour autant car l’isolation de l’enveloppe n’atteint pas le niveau exigé pour obtenir le label « passif », mais il s’en rapprochera j’espère de près.

C’est donc un jalon important qui vient d’être atteint avec la certitude que l’étanchéité a été réalisée avec le plus grand sérieux, ça nous fait déjà un souci de moins. Le prochain jalon d’une importance similaire sera pour moi l’efficacité de l’isolation et son corollaire l’adéquation de la puissance du poêle à bois. Pour ça rendez-vous dans plusieurs mois encore hélas …

Je crois que je viens de battre le record de l’article le plus long de ce blog, aussi vais-je raccrocher car il est déjà plus de 23h. L’état d’avancement du chantier bardage fera donc l’objet d’un article demain.