Allez on attaque le gros morceau et ce qui nous a pris le plus de temps dans la phase de conception, j’ai nommé l’isolation. Etant donné que nous n’allons pas vers un coût de l’énergie en baisse et loin de là, notre première préoccupation a été, compte tenu de nos moyens, de mettre la meilleure isolation possible. Non nous n’atteindrons pas la maison passive, il nous faudra donc un chauffage (objet d’un prochain article).

Chaque paroi doit être traitée du mieux possible en n’en négligeant aucune. Dans une maison individuelle, les déperditions se répartissent comme suit:

  • Toiture = 30 %
  • Murs = 25 %
  • Aération/Ventilation = 20 %
  • Fenêtres = 13 %
  • Plancher bas = 7 %
  • Ponts thermiques = 5%

Comme vous le voyez il y a des parois critiques pour lesquelles il est essentiel de ne pas se tromper (toit et murs), mais chacune doit être considérée avec attention.

Tout d’abord un brin de théorie pour que la suite soit plus compréhensible. On retrouvera divers termes et unités de mesure qu’il faut connaître:

λ = Conductivité thermique d’un matériau en W/m.K. Elle mesure la quantité de chaleur qui traverse le matériau, plus le lambda est faible, plus le matériau est isolant

R = Résistance ou performance thermique d’un matériau en m2.K/W. R = e / λ (e = épaisseur du matériau en m). Capacité d’un matériau à résister aux flux de chaleur, plus R est élevé plus le matériau est isolant.

U = Coefficient de de transmission thermique surfacique (U = 1/R). Plus U est faible plus la paroi est performante. On retrouve ainsi :

  • Ug : Coeff de transmision thermique d’un vitrage
  • Uw : Coeff de transmision thermique d’une fenêtre (vitrage + menuiserie)
  • Up : Coeff de transmision thermique d’une paroi opaque (mur, plafond, plancher)
  • Ubat : Coeff de transmision thermique globale d’un bâtiment

Allez on attaque donc la description de l’isolation de notre future MOB.

1. La dalle:

Nous avons retenu un TMS SI de 80mm sous la dalle et pour la périphérie (entre la dalle et les longrines un TMS 40mm. On obtient ainsi un R = 3,70.

2. Les murs:

La ça se complique, le sandwich se compose de l’intérieur vers l’extérieur:

  • Parement intérieur (BA13) (plus lambris cloué dessus dans certaines zones)
  • Lame d’air non ventilée de 4cm (vide technique pour passage des réseaux)
  • OSB 12mm (contreventement intérieur et pare vapeur)
  • Montant d’ossature de 145mm avec isolation en laine de bois 140mm entre montants
  • Panneaux de fibre de bois dense de 60mm constituant l’isolation extérieure et le pare-pluie
  • Lame d’air ventilé de 4cm
  • Bardage mélèze 21mm en pose horizontale

C'est presque ça sauf qu'ici le contreventement est extérieur

Au final ça nous donne un mur d’une épaisseur approximative de 32cm et un R de 5,7. Les avantages de ce sandwich sont une bonne inertie car les matériaux utilisés sont plus denses que de la laine de verre classique et offrent un déphasage important. Le déphasage étant le délai que met la chaleur du soleil à pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Un déphasage de 8 à 9h permet de retarder suffisamment l’entrée des calories dans la maison pour passer le pic de chaleur de la journée et profiter ensuite de la fraîcheur de la nuit pour refroidir la paroi. La lame d’air ventilée de 4cm sous le bardage participe également à ce déphasage.

3. Le toit:

Le pare vapeur sera également constitué d’OSB de 12mm cloué sous les fermettes sur lequel on disposera par soufflage 30 cm de ouate de cellulose pour un R = 7,9. Là aussi l’épaisseur conséquente et la densité plus importante que pour la laine de verre devrait offrir un bon confort d’été. Un pare pluie respirant sera fixé sous les tuiles pour éviter les infiltrations d’eau ou de neige fondue.

4. Les menuiseries

Après avoir initialement prévu des menuiseries en mélèze nous partons finalement sur du Bossé (bois exotique) teinté avec le procédé Naboco présenté dans un article précédent. Toutes les menuiseries seront oscillo-battantes ce qui permet lors des nuit d’été de faire de la surventilation en toute sécurité pour rafraîchir la maison à peu de frais. Le Uw moyen des menuiseries tournera autour de 1,5.

5. Ventilation

Sans hésiter nous avons opté pour une VMC double flux à haut rendement et ce pour deux raisons. L’économie d’énergie réalisée en récupérant plus de 80% des calories grâce à un échangeur qui transfère ces dernières entre l’air vicié chaud que l’on expulse et l’air entrant neuf froid. La deuxième raison c’est l’absence d’ouverture dans les menuiseries que l’on retrouve lorsqu’une VMC simple flux est installée. Or par temps très froid il est fréquent de sentir ce flux d’air glacé lorsque l’on reste trop longtemps à proximité (brrr les pieds quand on regarde la TV). La VMC double flux impose de déployer un réseau de gaines d’extraction dans les pièces humides et un réseau de gaines d’insufflation dans les pièces de vie pour injecter les calories récupérées avec l’air neuf. On adjoindra un système de bypass en été pour que les calories de l’air plus chaud à l’extérieur ne viennent pas à être insufflées dans la maison.

L'échangeur de la VMC double flux HR

6. Ponts thermiques:

Le système constructif des MOB limite fortement les ponts thermiques de part le matériau utilisé pour la structure des murs (le bois des montants est isolant alors que les parpaings c’est pas tip top) et nous y avons ajouté une isolation extérieure qui est le meilleur moyen de traiter les ponts thermiques restants.

J’avais prévu d’aborder le thème de l’étanchéité mais comme cet article commence à prendre des proportions inquiétantes, je vais en rester là. A suivre …